
Tu veux que ton lecteur ressente, frissonne, pleure… sans lui faire un exposé ? Voici comment maîtriser la technique du « show, don’t tell » (et surtout, quand c’est une bonne idée de l’oublier).
Pourquoi on te rabâche “Show, don’t tell” quand tu écris un roman ?
Tu l’as sûrement déjà lu quelque part : “Show, don’t tell.”
C’est un des conseils les plus donnés aux auteurs… et un des plus mal compris.
Alors remettons les pendules à l’heure :
👉 Telling, c’est expliquer une émotion ou une situation.
👉 Showing, c’est la faire vivre au lecteur par les actions, les gestes, les dialogues, les sensations.
Exemple :
❌ Elle était en colère. (Tell)
✅ Elle serra les poings, les lèvres pincées, les yeux brillants de rage. (Show)
Pourquoi c’est important ?
Parce que ton lecteur ne veut pas une fiche Wikipédia de tes personnages.
Il veut les ressentir, les comprendre sans que tu aies à lui dire quoi penser.
C’est ça qui crée la magie : le lecteur devient actif, complice, immergé dans l’histoire.
Trois techniques simples (et puissantes) pour “montrer” sans “dire”
1. Le corps ne ment jamais : utilise les gestes et réactions physiques
Le corps est un formidable indicateur d’émotion. Plutôt que de dire qu’un personnage a peur, montre ce que son corps raconte à sa place.
Exemples :
❌ Il avait peur.
✅ Une sueur froide lui coulait dans le dos. Son regard sautait de l’ombre à la porte.
Exercice :
Prends une émotion (colère, tristesse, amour, anxiété) et écris 3 phrases qui la décrivent uniquement par le corps (aucun adjectif émotionnel autorisé !).
2. Le pouvoir du dialogue indirect : laisse parler les sous-entendus
Un personnage qui dit “Je vais bien” alors que son ton est sec et qu’il évite le regard de l’autre… tu montres bien plus qu’un simple “il mentait”.
Exemples :
“T’as pas répondu à mon message.”
“J’étais occupé.”
Silence. Elle serre sa mâchoire.
Le non-dit, les silences, les phrases coupées sont des mines d’or émotionnelles.
Exercice :
Imagine une scène de dispute sans jamais dire qu’ils se disputent. Utilise les dialogues, les silences, les gestes.
3. Les 5 sens : fais entrer le lecteur dans la peau du personnage
Vois, sens, goûte, entends, touche.
La narration sensorielle est ton arme secrète pour embarquer ton lecteur.
Exemple :
L’odeur âcre du sang lui monta au nez. Le métal tiède de la lame collait encore à ses doigts.
Là, on n’a pas besoin que tu dises : “Il venait de tuer quelqu’un.”
Le lecteur le vit.
Exercice :
Réécris une scène de ton projet en te concentrant uniquement sur les perceptions sensorielles du personnage principal.
Et si parfois… tu avais besoin de dire les choses ?
Eh oui. Le show don’t tell n’est pas une loi sacrée.
Il y a des moments où tu peux – et dois – dire.
👉 Pour accélérer la narration
👉 Pour faire une transition rapide
👉 Pour évoquer une émotion complexe sans l’alourdir
Exemple :
“Ce fut le plus bel été de sa vie.”
Simple. Évocateur. Pas besoin de 3 pages.
Alors oui, “show, don’t tell” est une technique, pas une prison. Ce qui compte, c’est de choisir en conscience.
Conclusion : ne dis pas qu’elle est triste, fais pleurer ton lecteur
Le “show don’t tell” te permet de transformer ton roman en expérience émotionnelle.
Pas juste une histoire racontée, mais une histoire vécue.
Et c’est là que réside la puissance de ton écriture : dans ce que tu fais ressentir… sans jamais le dire.
Alors, prêt à faire frissonner tes lecteurs ?